COMM

ÉCRANS ET TOUT-PETITS

 

 

Début 1ère partie  : 27.06 – Fin 1ère partie : 41.27

 

 

Nathan est accro aux écrans. 

Nathan l'ourson sort de l'hibernation. Il a passé tout l'hiver dans sa grotte, bien au chaud, mais en pointant son nez dehors afin de vérifier que le printemps était bel et bien arrivé, il vit un drôle de carré lumineux avec un gros bouton. Mais le plus marrant c'était toutes les couleurs qui apparaissaient et tous les jeux qu'il pouvait faire, rien qu'en touchant cette tablette. 

 

 

27.38

Julie est logopédiste. Grâce au livre qu’elle a écrit et dessiné, elle espère sensibiliser les enfants au thème de la surexposition aux écrans.

 

 

-          Nathan est accro aux écrans. Qu’est-ce que vous pensez que ça veut dire ?

-          Ça veut dire qu’il veut regarder sa tablette.

-          Ouais. Exactement. Qu’il aime bien regarder sa tablette.

-          Qu’il regarde un petit peu sa tablette ou beaucoup ?

-          Beaucoup.

 

 

28.03 ITW

28.04 Julie Hausler, Logopédiste

Quand j’étais petite, c'était surtout la télévision, pas encore ces histoires de smartphones, de tablettes, mais je voyais déjà que la télévision pouvait prendre une grande place, et là maintenant, tout ce qui est portable, c'est tout le temps accessible à tout moment, partout. Donc disons que l’accessibilité fait que je pense que c’est plus dangereux.

 

 

Nathan répondit sans même lever la tête de sa tablette.

 

 

Dans ma vie personnelle je vois de plus en plus hein dans les lieux publics, notamment les restaurants des enfants tout petits sur les tablettes, sur les smartphones….. et c’est vrai que ça les coupe de leur environnement et ils loupent pleins d’échanges comme ça verbaux et non verbaux, dont on sait aussi qu’ils sont importants pour le développement du jeune enfant. Et je pense c’est ça aussi qui me motive aujourd’hui à sensibiliser les enfants et les adultes à ce thème.

 

 

Lilo répondit, tu as toujours été bien bien occupé avec ta tablette mais tu as de la chance d’avoir des amis qui sont là pour toi.

 

 

 

 

29.04

Les écrans nous rendent captifs et c’est encore plus vrai pour les tout-petits.

 

 

29.14

Certains parents sont fiers de montrer l’habileté de leur enfant sur les tablettes. Ils ne se doutent pas que trop d’écran, trop jeune entrave leur développement.

 

 

-          Bonjour Madame, bonjour Yanise.

-          Bonjour !

-          Viens seulement, ça fait un moment qu’on s’est pas vus, nous.

 

 

29.37

Yanise est âgé de 6 ans. Il en avait 3 lorsque sa maman est venue pour la première fois au centre d’orthophonie de La Chaux-de-Fonds, soucieuse de ses retards de langage.

 

 

Alors cocolet, on va juste regarder des petites images toutes simples maintenant. 

 

 

29.54 ITW

30.00 Amal, Maman de Yanise

J’étais inquiète, je croyais que mon fils il est autiste. Il était différent. Il parlait pas comme les autres enfants de son âge, juste avec des…..des…. il me montre quelque chose avec sa main. Voilà. Il a un langage bizarre. Moi la seule qui comprend ça. Par contre, les autres, il comprend pas.

 

 

-          Ici.

-          Une robe….

-          Oui une robe. C’est plutôt une ju…..

-          Une jupe.

-          Très bien.

 

 

30.34 ITW

30.46 Ruth Hynek Hlavizna, Resp. centre orthophonie, La Chaux-de-Fonds

C'est vrai qu'il présentait quelques comportements qu'on peut voir chez les autistes, il ne me regardait pas. Il interagissait très peu avec moi. Et surtout il ne parlait pas. C’était un enfant aussi qui jouait pas du tout, qui sortait des objets, des boîtes, qui les remettait dans les boîtes, ou qui les jetait, il n’utilisait pas les jouets, hein du tout. Il n’échangeait pas avec son interlocuteur, il était jamais en jeu avec moi.

 

 

-          Tu vas me dire ce qu’ils font cette fois ? Qu’est-ce qu’ils font là ?

-          La musique.

-          C’est juste.

 

 

31.15

A l’époque, la maman de Yanise ignorait qu’un usage précoce et excessif des écrans pouvait nuire à son développement.  

 

 

Qu’est-ce qu’il fait celui-là ?

 

 

31.24 OFF Amal, Maman de Yanise

Moi, je savais pas que faut pas donner. J’ai dit voilà. Peut-être il va parler, il va réagir avec les dessins et tout ça. Mais après c’était le contraire. Il se concentre plus.

 

 

-          Si je fais comme ça ? Qu’est-ce que je fais ?

-          Les livres.

-          Je …

-          Tu lis !

-          Oui, super !

 

 

On voit maintenant qu’il connaît beaucoup de mots.

Au niveau du vocabulaire ça a changé, au niveau des phrases ça a changé. Au niveau de ce qu’il comprend, aussi, ça a changé.

 

 

31.58

Yanise, qui n’a pas de trouble du spectre de l’autisme est loin d’être un cas isolé. De plus en plus de professionnels de la petite enfance s’inquiètent.

 

 

Déjà quand je l’ai vu en mars, il comprenait déjà mieux.

 

 

32.09 ITW

32.11 Ruth Hynek Hlavizna, Resp. centre orthophonie, La Chaux-de-Fonds

On a eu beaucoup de signalements d’enfants petits sans langage chez lesquels on se rendait compte que il y avait ces téléphones ou tablettes qui étaient donnés de plus en plus vite, de plus en plus, et de plus en plus tôt. Et puis, on a eu une réunion avec les pédiatres de la Chaux-de-Fonds qui faisaient aussi plus ou moins les mêmes constatations. Ça commence à être franchement une euh…. un problème de santé publique, on en est allé jusque-là. Vraiment santé publique.   Trop souvent on dit pfff….ça ira, ça passera, hein. Non, on est dans quelque chose qui peut devenir grave.

 

 

32.49

Caroline et Céline toutes deux orthophonistes constatent les mêmes effets délétères des écrans. Pour nous, elles analysent la vidéo d’un enfant âgé de 3 ans ½ qui a été suivi par le centre.

 

 

33.05 ITW

33.10 Caroline Straubhaar Huguenin Elie, Orthophoniste

C’est un enfant que nous-même nous n’avons pas suivi. Mais ce qui nous a été dit, c’est que c’est un enfant qui a eu beaucoup d’écrans, ouais. C’était une… une des ses activités principales, je crois, oui.

 

 

Quotidienne et tout au long de la journée.

 

 

Bouche ! bouche !

C’est une oreille.

C’est bouche.

C’est pas la bouche, c’est une oreille. Ça ressemble, hein.

 

 

-          Ouai, donc tout est bouche. Enfin.

-          En tous cas pour l’instant c’est bouche pour oreille ou pour yeux….de nouveau bouche. Donc, il fait pas de différences selon la partie du corps.

 

 

33.48 ITW

33.54 Céline Gloor, Orthophoniste

Le peu de mots qu’il a c'est comme des étiquettes mais où il y a rien derrière. On a l'exemple quand il dit bouche mais en fait ça veut dire sûrement autre chose que une bouche, c'est comme s’il a pas compris ce que signifie bouche.

 

 

-          Voilà.

-          Regarde comme il tient sa carte.

-          Ah ouais, c’est intéressant.

 

 

Ouais, c’est l’anniversaire.

 

 

Il la prend vraiment comme si c’était une tablette. T’as vu. Il regarde les images.

 

 

34.18 OFF Caroline Straubhaar Huguenin Elie, Orthophoniste

On voit qu’il a pas beaucoup l’habitude de manipuler ce genre d’objets de son âge. Lui au lieu de vraiment essayer de chercher la même image, il va plutôt essayer de jouer et puis de découvrir ce qu'il peut faire physiquement en fait hein, avec ces 2 types de cartes.

 

 

C’est la même……

 

 

La petite qui peut finalement glisser le long de cette planche.

 

 

Rose !

 

 

Attends voir. Mets voir en arrière, il a dit « pink ».

Je n’ai pas entendu.

 

 

34.43

Autre surprise. Voir surgir dans le langage de ces enfants des mots anglais.

 

 

Rose !

 

 

Il a dit pink effectivement.

 

 

34.56 ITW

34.57 Céline Gloor, Orthophoniste

Il faut bien préciser que dans l'environnement de cet enfant-là l'anglais n'est pas une langue de communication, personne ne parle anglais chez lui, donc, ce mot de pink, il l’a vraiment acquis par l'écran et c'est juste une étiquette sur quelque chose, mais qui n'a pas une valeur de communication en fait.

 

 

C is for cake, D is for dance……

 

 

35.22

Il existe sur Internet pléthore de jeux accessibles souvent en anglais pour les moins de trois ans.

Certains fabricants n’hésitent pas à faire miroiter l’aspect éducatif de leurs vidéos. Les parents croient ainsi que leur enfant va acquérir de précieuses connaissances.  

 

 

BABY EINSTEIN dot.com

 

 

1, 2, 3 … ouh !

 

 

35.52

Russia Ha-Vinh Leuchter du centre de consultation du développement de l’enfant aux HUG, reçoit aussi des tout-petits qui connaissent des mots d’anglais mais qui ne savent pas communiquer.

 

 

36.03 Dre Russia Ha-Vinh Leuchter, Médecin Adjoint, Service Développement enfant, HUG

Au départ on était un peu surpris, il sait l'alphabet en anglais, il a 2 ans, ah bon, et puis on s'est rendu compte très vite, qu’en fait, ça c'est vraiment des apprentissages qui viennent des écrans.

 

 

J is for jump

 

 

Ce que les enfants doivent apprendre dans les 2 premières années par rapport au langage, c'est tout d'abord, la communication. C'est qu'en fait, le langage, ça sert à communiquer. L'alphabet en anglais, ça ne sert pas à communiquer et, du coup, entre guillemets, ça sert à rien à cet âge-là. 

 

L’enfant, ce qu’il doit apprendre c’est la communication. Et ce qui est magnifique, ce qui est incroyable c’est qu’en fait ils ont une envie innée de communiquer, les bébés. Les bébés, ils regardent, ils ont un attrait inné pour les visages humains, pour la voix humaine, et puis c’est ces aspects de communication qui ne peuvent que s’apprendre avec quelqu’un duquel on aimerait comprendre ce qu’il nous dit, et à qui on aimerait dire quelque chose, à qui on aimerait montrer quelque chose. Et là, l'écran n'a évidemment aucune place parce qu'on n'a rien à dire à l'écran.

 

 

37.05

L’autre effet pervers d’internet, c’est cette sollicitation sans fin. Une vidéo terminée, une autre est systématiquement proposée. Sans intervention de l’adulte, l’enfant seul devant sa tablette peut donc rester des heures, happé par l’écran.

 

 

37.25 Dre Russia Ha-Vinh Leuchter, Médecin Adjoint, Service Développement enfant, HUG

Ce dont on s’est rendu compte c’est qu’il y a certain nombre d'enfants qui passent énormément, énormément de temps devant les écrans et on a vraiment l’impression que, maintenant, il faut des messages forts pour vraiment expliquer aux parents quel est l’impact de cet attrait tellement fort des écrans. Et je pense qu’il y a vraiment de la prévention à faire dans tous les sens. Ce qui est clairement maintenant avéré dans les études, c'est qu’une exposition intensive aux écrans dans les 2 premières années de vie a des conséquences négatives sur le développement, en particulier sur le langage et la communication, ça, c’est clairement avéré.

 

 

37.58

C’est à travers le jeu que le professionnel évalue le niveau de développement de l’enfant. Ella a deux ans ½. Son évolution correspond tout à fait à son âge. Elle a grandi dans un environnement avec très peu d’écrans.

 

 

Grand, ouais.

 

 

38.17 Dre Russia Ha-Vinh Leuchter, Médecin Adjoint, Service Développement enfant, HUG

L’enfant naît avec un potentiel immense mais qui doit être nourri après par l’expérience. Et c’est vraiment par l’expérience que le cerveau va se développer, développer les connexions qui sont pertinentes à son développement.

 

 

Mais oui, Bravo ! Bravo Ella !

 

 

38.33

Les professionnels de la petite enfance estiment que le temps passé devant les écrans est soustrait à celui nécessaire pour acquérir des compétences de base. Les apprentissages cognitifs, moteurs et émotionnels doivent se faire dans la vie réelle et en trois dimensions.

 

 

38.50 ITW

38.57 Dre Russia Ha-Vinh Leuchter, Médecin Adjoint, Service Développement enfant, HUG

Comment est-ce qu’ils comprennent et explorent le monde, c’est en prenant les choses, en les mettant dans la bouche, en les tapant. Et puis, il les regarde. Mais il les regarde pas comme ça, comme quand on regarde un écran. Les petits, ils prennent les objets, ils les touchent et en même temps, ils les regardent. L’étape d’après les enfants vont comprendre qu’en fait chaque objet à sa fonction propre. Ça veut dire qu’un crayon, au lieu de le mettre à la bouche, petit à petit ah ils vont comprendre que s’ils font un trait ils peuvent dessiner. Qu’une cuillère, ça sert à manger, qu’une tasse, ça sert à boire, qu’un livre, on peut regarder un livre, ça sert, on tourne les pages. Et tout ça c’est des choses qu’ils ne peuvent pas apprendre en regardant un écran, ça c’est impossible.

 

 

T’as rempli les deux verres. C’est bon.

Oui.

Tout le monde a à boire. C’est parfait.

 

 

39.47

L’environnement dans lequel l’enfant grandit est lui aussi primordial.

 

 

40.25 ITW

40.44 Dre Russia Ha-Vinh Leuchter, Médecin Adjoint, Service Développement enfant, HUG

Un des facteurs pronostics les plus forts pour savoir combien les enfants vont passer de temps devant les écrans, c'est combien leurs parents passent de temps devant les écrans. Ce qu’il ne faut pas oublier en tant que parents, c’est que nous on est les modèles, une grande partie de ce que les enfants apprennent, ils les apprennent tout simplement en nous regardant. Pas avec ce qu’on dit, ce qu’on leur dit de faire, pas faire, etc, c’est vraiment ils nous regardent. Et ils font comme nous et ils veulent faire comme nous. Et si nous on a des difficultés à réguler notre lien avec les écrans, c’est clair que ça va être difficile pour nos enfants, de le faire. Et après il y a aussi qu’est-ce qu’on propose d’autre aux enfants. Si on propose quelque chose où l'enfant par ailleurs est seul, doit se débrouiller tout seul, il y a pas d'interaction ben l'écran, c'est quand même c'est attractif. Si ce qu'on propose d'autre, c'est aller dehors, jouer, l'écran devient moins attractif.

 

 

Fin 1ère partie : 41.27

 

 


 

Début 2ème partie  : 42.03 – Fin 2ème partie : 51.42

 

 

42.08

Noa a 2 ans. Elle a été surexposée aux écrans depuis toute petite. Ses parents ignoraient totalement les répercussions que cela pouvait avoir sur son développement.  

 

 

42.18 Tamara, Maman de Noa

Elle n’était pas là, elle parlait pas avec nous, elle partageait pas, elle te montrait pas un jeu, elle voulait pas jouer avec toi, elle voulait que être dans son monde, avec sa télévision, avec ses dessins. Les seules choses qu’elle répétait bah c’était les chansons des vidéos qu’elle entendait, il y avait pas une communication…. Elle était tellement dans ça qu’elle était pas avec nous.

 

 

42.43

Les inquiétudes de sa maman ne s’apaisent pas avec la consultation chez sa pédiatre pour le contrôle des 1 ans.

 

 

42.52 ITW

42.54 Tamara, Maman de Noa

Quand on a été elle a directement dit qu’elle avait un souci du type autiste. Donc du coup c’est un choc très grand qu’on a. Puis on lui a raconté aussi qu’elle avait les écrans dans sa vie. Et elle nous a dit qu’elle fallait tout de suite arrêter, que c’était pas du tout à conseiller pour les moins de 3 ans, on a tout de suite arrêté.

 

 

43.17

En raison du doute qui subsiste sur son diagnostic, Noa est aujourd’hui suivie par le centre de consultation spécialisé en autisme à Genève.

L’avalanche de nouveaux écrans a beaucoup compliqué la tâche des professionnels dans l’identification d’éventuels troubles.

 

 

43.33 ITW

43.40 Dre Marie Schaer, Médecin responsable, Centre consultation spécialisé autisme

Cette surexposition elle amène des tableaux cliniques qui sont des tableaux cliniques qu’on ne connaissait pas il y a 20 ans. Mais pour nous en tant que professionnels, c'est assez clair que les écrans ils ne causent pas l'autisme, c'est-à-dire que l’autisme on sait que c'est vraiment une maladie qui est ce qu'on appelle congénitale, donc l'enfant nait avec.

Mais maintenant on a des familles qui viennent et puis on voit des enfants qui ont des symptômes qui peuvent ressembler un peu à de l’autisme. Et donc nous, on a cette question finalement est-ce que c'est de l'autisme, un trouble du spectre de l'autisme ou est-ce que c'est quelque chose qui est en lien avec les écrans ou alors est ce que c'est quelque chose d'encore un peu plus complexe, c'est-à-dire que c'est un enfant qui avait des symptômes d'autisme mais qui en plus a été exposé à un écran qui fait qu'on voit ça de manière assez flagrante.

 

 

44.18

C’est ce qui est arrivé à Salma, aujourd’hui âgée de 4 ans. Après un bilan complet, elle est diagnostiquée depuis peu avec un trouble du spectre de l’autisme. Ses parents ignoraient le syndrome de leur fille. Démunis face à ses difficultés, ils ont pensé l’aider grâce aux écrans.  

 

 

44.38 ITW

44.43 Mahi, Papa de Salma

Pour moi, elle apprenait quelque chose. Elle savait déjà à 2 ans, compter jusqu'à dix….. Elle chantait.  Elle était contente et tout ça. Et on a dit ben on lui achète une tablette.

 

 

44.49 Amina, Maman de Salma

Et c'est la seule chose en fait, qui l’a fait calmer…. le seul objet avec qui elle arrive à rire parce que voilà, elle va sur Youtube, elle va aller chercher ses comptines, elle va rigoler avec. C'est vrai, quand on voit notre autre enfant qui sourit et qui est heureux, qu'il joue bien, qu’il ait un natel, on est heureux aussi, on se dit : ben c'est bien, c'est une bonne chose.

 

 

45.14Mahi, Papa de Salma

Ce qu’on faisait en fait, on était en train de créer un enfant qui est dans les écrans…. qui vit dans un monde virtuel.

 

 

45.24

Si tous les enfants sont attirés par les écrans, ceux qui ont un trouble du spectre de l’autisme le sont d’autant plus. Une attirance qui s’explique par leur syndrome.

 

 

45.38 ITW

45.40 Dre Marie Schaer, Médecin responsable, Centre consultation spécialisé autisme

Une des choses qui caractérise les enfants qui sont sur le spectre de l'autisme c'est qu'ils ont des difficultés à comprendre leur environnement. C'est-à-dire à comprendre, qu'est-ce qu'on attend d'eux, quel va être le déroulement d'une journée, etc, et que ça, ça peut être assez anxiogène pour un enfant. Quand ils sont devant leurs tablettes il y a pas forcément besoin de comprendre comment fonctionne le monde pour comprendre comment fonctionne la tablette, et donc il y a aussi quelque chose qui est moins anxiogène pour eux.

Et ça peut aussi être extrêmement difficile pour les parents d’être tout le temps en train de s'adapter par rapport à qu'est-ce qu'on va pouvoir faire pour que la journée se passe bien, qu'il n’y est pas une crise, etc. Donc forcément, ces enfants-là, quand on trouve quelque chose qui fonctionne, pour eux, hé ben, à un moment donné, des fois, c'est aussi un peu une survie. Donc au début, on rentre là-dedans en disant, ben c'est juste quelque chose qui permet de le calmer. Et le problème c'est qu'après ça devient des fois difficiles de l'enlever.

 

 

 

 

46.26

C’est vers l’âge de deux ans que les parents se questionnent sur le retard de communication de Salma. Pour avoir des réponses, ils consultent sa pédiatre.  

 

 

46.36 ITW

46.39 Amina, Maman de Salma

Ça me paraissait quand même bizarre, un enfant qui n’arrive pas à dire un mot, en fait et c’est là qu’on discuté et on a dit mais c’est bizarre. Et puis on ne savait pas non plus si en lui parlant, si elle nous comprenait en fait.

 

 

46.51

Mais c’est seulement 6 mois plus tard, à la consultation suivante, que la question des écrans leur est posée.

 

 

46.59 ITW

47.08 Amina, Maman de Salma

La question qu’elle m’a demandée le médecin c’était : est-ce qu’elle a le natel ? J’ai dit oui, elle a le natel. Combien d'heures elle passe par jour sur le natel, et là je me suis dit mon dieu, est-ce que je veux dire combien, ou toute la journée, je sais pas. Mais c'est vrai que c'est là que ça m'a fait travailler, on fait en me disant : oui, alors le natel elle l’a tout le temps en fait. Il fallait cette question pour nous réveiller en fait. Ça nous a fait un coup quand même. Pis, en rentrant on a pris une décision en disant : voilà, maintenant, pas de téléphone. Pas de téléphone, pas de télé, mais comment ? La question c’était après. Comment est-ce qu’on va arriver avec un enfant qui a grandi qu’avec ça ?

 

 

47.49

Depuis 18 mois, Salma ne regarde plus d’écrans.

 

 

Qu’est-ce que tu veux Salma ? Le livre ? On commence avec le livre.

 

 

47.57

Laetitia Gigon Kubler, éducatrice, a soutenu la famille dans ce processus de sevrage. Elle lui a permis de casser le cercle vicieux des écrans qui s’était installé dans leur quotidien.

 

 

 

 

48.16 ITW

48.19 Laetitia Gigon Kubler, Éducatrice sociale, Service éducatif itinérant (NE)

La toute première fois que je l’ai vue, elle a hurlé pendant une heure et demi, hurlé, pleuré, crié. Elle sautait sur le canapé. Elle se roulait sur le canapé. Avec moi elle avait pas d’interaction. Donc, elle ne me voyait pas. Comme si je n’existais pas. Elle était dans sa bulle. Il y avait des difficultés à ce moment-là au niveau du langage. Elle pouvait se contenter des comptines sur une tablette.

 

 

Cherche Salma la petite fille qui a peur.

Elle est là.

La peur…..Et celui qui est fâché. Hum…….un petit peu celui-là, mais très fâché.

Très fâché.

Il est où le très fâché ? Le visage très fâché ?

Il est là.

Là, il est de mauvaise humeur. Mais là, il est très fâché. Très fâché.

 

 

49.06

Aujourd’hui Salma explore et découvre de nouvelles activités.

 

 

Je le vois pas….Je ne vois pas. Montre.

 

 

49.15 ITW

49.26 Laetitia Gigon Kubler, Éducatrice sociale, Service éducatif itinérant (NE)

C'est pas les écrans qui ont fait que Salma devienne autiste. Elle est née comme ça. Le diagnostic est tombé. Mais les écrans ont prétérité la communication, l'interaction, l'abstraction, ces outils qui sont importants pour le, pour qu'elle, elle comprenne le monde dans lequel on vit. Et de pouvoir interagir dans le monde dans lequel elle vit.

 

 

-          Bonjour la princesse.

-          Tu m’invites à monter.

-          Ooh, tu m’invites à monter ?

 

 

49.47

Grâce au travail de Laetitia et de nombreux thérapeutes, et avec le soutien de ses parents, Salma a énormément progressé malgré son trouble.

 

 

Au revoir le loup. Youpie. Youpie….. Il est parti, le loup.

 

 

50.01 ITW

50.02 Amina, Maman de Salma

C’est le jour et la nuit. En une année, elle a fait des progrès vraiment spectaculaires.

 

 

50.08 Mahi, Papa de Salma

C'est un rêve en fait. Moi à chaque fois que maintenant ma fille elle prononce un nouveau mot, bah je suis le papa le plus heureux du monde. Parce que je ne m’imaginais pas que ma fille allait parler un jour.

 

 

-          Dring, Allo c’est qui.

-          C’est Salma.

-          Bonjour Salma. Qu’est-ce que tu fais ?

-          Xxx

-          Tu vas partir ?

-          Au revoir.

 

 

50.37

Lorsqu’il existe une suspicion de trouble du spectre de l’autisme chez un enfant, comme dans le cas de Noa, la première mesure est de supprimer les écrans et d’observer comment le comportement de l’enfant évolue. Les parents de Noa n’ont pas encore de réponse et la prise de conscience est difficile.

 

 

50.55 ITW

50.57 Tamara, Maman de Noa

Tu te sens aussi un peu coupable, en fait, parce que tu dis ben je lui ai fait un peu de mal. Elle a pas développé ce qu'elle devait développer, peut-être à cause de ça. Donc, tu te sens mal. Et après tu vois tout de suite quand tu arrêtes, qu’il y a un changement. Elle a commencé à faire des choses qu'elle faisait pas, à empiler des cubes, qu'elle ne faisait pas. Elle a tout de suite elle a commencé à le faire. Gribouiller. Elle a repris un peu ce qu’elle avait pas acquis avant. Si je savais ce que je sais aujourd’hui, il y aurait pas eu.

 

 

51.28

Depuis qu’elle a retrouvé une socialisation et des activités de son âge, Noa évolue positivement, sous l’œil attentif des professionnels.  

 

 

Fin 2ème partie : 51.42

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