Legalising Cannabis

Radio Télévision Suisse | 13min

 

 

Chapeau : séquence Quai du Seujet, Genève

 

A Genève, sur les bords du Rhône, ils sont là, comme tous les jours.

Les dealers ne choquent plus personne. Et d’ailleurs les consommateurs ne se cachent pas non plus.

 

Beaucoup sont mineurs, l’âge le plus vulnérable auquel il ne faudrait pas consommer du cannabis.

 

Quand j’ai acheté il y a longtemps, j’achetais dans la rue, c’est simple à s’en procurer…Je connais très très peu de personnes dans mon groupe d’amis qui ne fument pas. Moi c’est la même chose.

 

Si on consomme tous les jours, on peut mettre 300 francs là-dedans. C’est votre cas ? Oui plus ou moins.

 

Comment mieux protéger les jeunes ? Et lutter contre le marché noir ? Il y a dix jours, le Parlement a décidé d’agir. Bientôt, une loi réglementera le marché du cannabis en Suisse. Dans quelques années, notre pays pourrait rejoindre le vaste mouvement mondial de légalisation qui a conquis les Etats-Unis, le Canada et une partie de l’Europe…

 

1’30 TITRE Pas de fumée sans beuh

 

Séquence Agriculteur à Rüti

 

Au pays de la lenteur, c’est un coup d’accélérateur spectaculaire. A la surprise générale, deux commissions parlementaires viennent d’accepter l’idée de légaliser le cannabis, l’une au Conseil national, l’autre au Conseil des Etats.

 

Après 20 ans de blocage, un homme a réussi à mettre presque tout le monde d’accord. Son profil est totalement inattendu. C’est un agriculteur bernois, de 66 ans, ancien membre de l’UDC. Il nous reçoit dans son petit village du Seeland, près de Bienne, où il habite une ferme de plus de 400 ans.

 

2’17 Heinz Siegenthaler, conseiller national, Le Centre, BE (droite)

 

Avant, c’était le combat de la gauche et des Verts, les bourgeois ne voulaient pas en entendre parler, c’était l’affaire des fumeurs de joints. Mais voici que j’arrive en tant qu’agriculteur avec beaucoup d’expérience, et je dis : chers amis, attention, ce n’est pas si grave. Ecoutez-moi, le cannabis est une plante extraordinaire. L’abus de drogue est un autre problème.

 

Atypique, notre agriculteur cultive du chanvre depuis 30 ans. On trouve dans ses champs des plantes sans THC destinées à produire de l’huile. Son combat est motivé par l’immense potentiel économique du cannabis.

 

On peut le consommer comme aliment, on peut l’utiliser comme médicament, comme matière première pour remplacer le plastique, regardez comme la fibre est résistante, et bien sûr comme produit dopant.

 

Conscient que le produit n’est pas anodin, notre élu paysan imagine une solution simple, comparable à la réglementation fédérale des alcools.

 

Comme ça vous avez des contrôles, des taxes, des impôts. Je vois un système comme ce qui existe pour le whiskey, la vieille prune ou la grappa !

 

L’initiative de notre pionnier du chanvre oblige le Parlement à rédiger une loi, dans un délai de 2 ans. Des projets-pilote vont démarrer en Suisse. Il faudra aussi étudier les expériences faites à l’étranger.

 

Séquence Montréal

 

La Suisse pourrait notamment s’inspirer du Canada.

 

Nous sommes à Montréal, 2 millions d’habitants, la plus grande ville du Québec.

 

Ici depuis 3 ans,  des magasins officiels vendent du cannabis légal. Au centre-ville, de nouvelles succursales viennent d’ouvrir. Boris est un consommateur régulier.

 

Même depuis que ça a ouvert, il y a souvent des files, il y a trop de clients pas assez de magasins.

 

Impossible de rentrer dans le magasin. Nous avons donc demandé à Boris d’acheter un choix de produits, du moins cher au plus luxueux.

 

Nous voilà, on a fait quelques achats. J’ai demandé ce qu’il y avait le moins cher.

Ca ça a couté 17 dollars et 43 dollars, c’est un peu plus que le marché noir. D’habitude, marché noir une centaine de pièces. C’est comme se payer. On peut faire le test !

 

5’09 17 dollars = 13 francs

5’12 43,5 dollars =  32 francs

 

Boris n’est pas n’importe quel testeur. Musicien, responsable d’un dispensaire médical, il est devenu une personnalité politique au Québec à force de militer pour la légalisation.

 

5’46 Marc-Boris Saint-Maurice, musicien, responsable dispensaire Centre Compassion (droite)

 

C’est formidable. Extraordinaire, ça m’émeut même. C’est pas le modèle parfait, la qualité n’est pas tout à fait bonne, the big picture, c’est une bonne chose. C’est une victoire après 25 ans.

 

Boris rentre chez lui avec des produits cultivés au Canada et tous contrôlés par l’Etat.

 

Bienvenue chez moi, je vous accueille dans mon intimité.

 

Les produits s’achètent emballés, donc impossible toucher ou de sentir la marchandise.

L’âge légal est fixé à 21 ans. Et il y a une autre limite. Il n’est pas possible d’acheter plus de 30 grammes par visite.

 

Et voici le moment de la dégustation …

 

Bel effet, on va attendre 5-10 minutes. Bonne expérience !

 

Séquence SQDC

 

En trois ans, les affaires de la Société québécoise du cannabis ont explosé. Cette entreprise d’Etat contrôle tout, de la production à la vente.

Le business est déjà rentable, plus de 60 millions de bénéfices l’année dernière.

 

7’27 Fabrice Giguere, porte-parole Société québécoise du cannabis (gauche)

 

Notre mission est de migrer les consommateurs du marché noir vers le marché légal sans leur en faire la promotion. Et les choses avancent et qu’on continue d’avancer dans ce sens-là.

Si nous regardons notre rapport annuel de l’an dernier, nous estimons que nous avons capté 53% du marché noir. Nous avons migré 53% du cannabis vendu.

 

 

Séquence Université de Montréal

 

Il reste un problème très délicat : la consommation.

 

Depuis la légalisation, la consommation des mineurs a diminué au Québec. Mais elle a augmenté chez les adultes, de 6%....

 

A l’Université de Montréal, les experts sont plus impressionnés par le succès commercial, que les effets sur la santé publique.

 

8’22 David Décary-Hétu, professeur de criminologie, Université de Montréal (gauche)

 

Mon avis, c’est que la légalisation a été un succès, en trois ans, on a mis en place une distribution dans toute la province, un site, on a formé des employés, on a réussi à s’attaquer à une portion importante du marché noir, mais il reste beaucoup de travail. A 5 ou 1% et la rendre marginale, sans impact sur la santé publique et les acheteurs.

 

 

Séquence Avanchets

 

Au Québec, les acheteurs de moins de 21 n’ont pas d’autre choix que de s’approvisionner au marché noir, et c’est très problématique. En Suisse, les jeune sont logés à la même enseigne.

 

Nous sommes ici dans l’une des cités de Genève. Le cannabis passe entre toutes les mains. Même les grands frères se font du souci pour les plus petits.

 

J’ai arrêté, parce que ça me mettait pas bien, ça me rendait parano, ça me déstabilisait, ça  me rendait con, pardon du terme. J’ai des petits frères et sœurs, il faut donner l’exemple pour la famille, pour le futur, c’est mauvais de fumer.

 

Justement j’ai arrêté, le cannabis, en vrai, tu deviens flemmard, pas discipliné, il y en a qui ont grandi, on n’est plus des gamins. Il y en a c’est toujours des gamins dans leur tête.

 

 Séquence Psychiatre HUG

 

Certains de ces jeunes se retrouvent parfois ici au Service d’addictologie de Genève. Malaises, anxiété, dépression. Pour les professionnels, le cannabis est une substance à haut risque.

 

10’09 Daniele Zullino, médecin chef, Service d’addictologie, HUG (gauche)

 

En dessous de 15 ans, c’est une catastrophe, en dessous de 13 ans c’est encore une plus grande catastrophe. En dessous de 20 ans, c’est une catastrophe. Il faut savoir que sous cannabis, on a une psychose, une maladie mentale aïgue durant quelques heures. De la paranoïa, des hallucinations, des illusions en tout, des troubles de la pensée. On ne fonctionne pas. Que faudrait-il faire ? Il faut diminuer.

 

Toutes les études le montrent : le cannabis perturbe le développement d’un jeune cerveau. Alors s’il est si nocif, pourquoi le légaliser ?

 

Je suis pour une réglementation, parce que c’est l’Etat qui doit définir les conditions de vente, la qualité exigée du produit, comme il le fait pour d’autres produits à risques, pour les voitures, l’alcool, pas assez le tabac et d’autres produits à risque. L’Etat doit décider des conditions. Il ne dit pas qu’il faut consommer, dans quel cadre il souhaite que ça se fasse.

 

Séquence Sion

 

Ce n’est pas l’avis de tous les parlementaires de droite.

 

Nous avons rencontré le conseiller national Benjamin Roduit à Sion, à son arrivée de Berne.

 

On ne peut pas dire qu’il soit enchanté par la décision prise des derniers jours aux Chambres.

 

11’55 Benjamin Roduit, conseiller national, le Centre, VS (gauche)

 

J’ai été surpris finalement que ce signal de la dépénalisation des drogues, en l’occurrence du cannabis, soit donné avec autant de facilité, je dirais.

 

Notre parlementaire valaisan considère que le monde politique donne un mauvais signal aux jeunes. Il est inquiet en tant que membre de la commission de la santé. Parmi de nombreux arguments, il met surtout en avant son expérience de père de 4 enfants, d’enseignant et d’ancien recteur.

 

Comme recteur, j’ai malheureusement dû faire face à plusieurs décrochages scolaires. Pour moi, c’est très simple, la consommation de cannabis est incompatible avec la réussite des études gymnasiales. Ca demande beaucoup de concentration, d’investissement. Et l’un des grands problèmes avec le cannabis, Baudelaire qui le disait dans les Paradis Artificiels, on manque de volonté.

 

La discussion s’annonce nourrie ces prochains mois au parlement. Mais c’est finalement sous l’impulsion d’un agriculteur, que le débat est relancé. Un agriculteur adepte d’autres drogues.

 

13’10 Heinz Siegenthaler, conseiller national, Le Centre, BE (droite)

 

Je ne fume pas, je n’aime pas beaucoup ça, je préfère le whisky ou le vin !

 

 

 

13’ 22 Synthés

 

Nathalie Randin

François Rihouay

David Nicole

Philippe Fivet

Jon Björgvinsson

Patrick Blache

Rebecca Sauvin

Sébastien Fawer

Edgard Biondina

 

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