TEXTE 30 ANS ACCORDS DE PAIX
A Jérusalem, Mehra Rimer vient en mission. Depuis huit ans, cette genevoise née à Téhéran œuvre à la réconciliation entre Israéliens et Palestiniens en soutenant des initiatives de coexistence.
Mehra Rimer
ne pas titrer à cet endroit
Ce jour-là, Mehra Rimer visite l'une des ONG qu'elle soutient avec son association Bet of Hope, la maison de l'espoir.
Ambiance Mehra Rimer
Meet encourage des jeunes entrepreneurs des deux communautés comme Avigaïl, l'Israélienne, et Hiba, la Palestinienne à monter leur start-up ensemble.
ITW VOX POP
- Et ce n'est pas trop difficile de rencontrer quelqu'un d'une autre communauté. Vous avez peut-être un peu hésité avant de rejoindre ce programme…
ITW VOP POP
Pour ma mère par exemple, ce n'était pas quelque chose de normal. Quand ils ont organisé une rencontre avec les parents. Avigaïl était là et à un moment je lui ai dit :"viens voir mes amis". Et ma mère m'a dit un truc du genre : "Hiba, qu'est-ce tu fais là-bas ?!"
Chaque année, des centaines d'Israéliens et de Palestiniens suivent ce programme de coexistence pacifique.
ITW VOX POP
Cela nous permet de ne pas voir juste la zone blanche ou la zone noire mais aussi la zone grise. Et de comprendre où nous nous situons nous-même là-dedans. Comment nous allons forger notre propre identité et notre opinion. La réalité est compliquée ici. Nous sommes face à un conflit sans fin mais nous ne pouvons pas perdre l'espoir d'un meilleur futur.
ITW VOX POP
Mais une fois qu'on a vécu ces difficultés, on se sent plus proches les uns des autres. Et alors vous voyez la personne en face de vous comme un humain. C'est comme cela que la magie se produit en fait.
ITW Mehra Rimer
Co-fondatrice de Beit of Hope
En français
SUR LES IMAGES DU JET D’EAU DE GENEVE
3’47 TITRE
Le cœur de cette petite entreprise vouée à la paix au Proche-Orient se trouve à Genève dans cet immeuble de Chêne Bougerie.
ITW Bonjour, bienvenue.
Fondée en 2016 par une poignée d'idéalistes réunis par Mehra Rimer, Beit of Hope finance aujourd'hui une vingtaine d'ONG israélo-palestiniennes.
ITW Mehra
Parfois, les super héros de Mehra quittent leur zone de guerre pour se rencontrer tout de près de chez elle, en Suisse. Dans cette grande école de commerce de Lausanne, elle retrouve une autre combattante de la paix dont elle soutient un projet. Une romande, elle aussi, Fiuna Seylan-Ongens.
Ambiance
Incroyable cette conférence réunissant une vingtaine de jeunes israéliens et palestiniens, venus en Suisse un rapprochement entamé là-bas. Même à Lausanne, les peurs liés au conflit perdurent et les Palestiniens nous ont demandé de flouter leur visage.
ITW VOX POP
En tant que Palestiniens, nous voyons toujours ceux de l'autre côté sous les traits d'un soldat, avec une arme et des bombes. Donc nous ne pouvons pas parler eux. Alors, quand nous avons la chance de s'asseoir avec eux et de leur parler c'est une véritable opportunité pour comprendre la situation, pour comprendre l'autre côté, et pour tenter de changer les choses.
Ces jeunes pacifistes sont arrivés aux Diablerets quelques jours plus tôt. Durant semaine, ils ont vécu ensemble dans ce chalet avec pour seule mission de se parler, d'apprendre à se connaître. D'instaurer une complicité, comme entre Ila et Saïd.
ITW VOX POP
- Il m'apprend l'Arabe et moi l'Hébreu
- Moi pas comprendre
ITW VOX POP
Ila
Etudiante israélienne (Haïfa)
Cela fait déjà plusieurs mois que nous nous connaissons. On se rencontre en général durant une journée ou durant un week-end. Mais c'est la première fois que nous passons autant de temps ensemble. Et c'est vraiment génial. Le courant passe à un point que je n'aurais jamais imaginé. Nous sommes comme une famille maintenant.
Je pense que beaucoup de gens se diront que nous sommes des traitres, ou un truc comme ça. Ils n'ont pas envie d'entendre ce que dit l'autre côté ou essayer de comprendre l'autre côté. D'une certaine manière c'est plus facile de détester l'autre.
Si les Palestiniens refusent d'apparaître à visage découvert, c'est qu'ils prennent des risques. Pour les mouvements armés palestiniens, toute tentative de normalisation avec Israël s'apparente à une trahison.
ITW VOX POP
Il faut comprendre cette inquiétude. Il est important de ne pas montrer notre visage en raison des malentendus ou des mauvaises interprétations possibles du côté palestinien. C'est difficile de comprendre la situation si vous ne vivez pas vraiment sur place. C'est comme expliquer votre cause ou raconter une histoire dans un environnement inapproprié et hostile. Les gens supposent qu'il n'y a aucune interaction pacifique possible entre nous et les Israéliens. Que nous devons toujours être en guerre et en conflit avec eux. Alors ils pourraient mal interpréter notre action ici.
Fiuna Seylan Ongens s'investit depuis quinze ans dans l'accueil de groupes israélo-palestiniens en Suisse. Un travail de longue haleine, au plus près participants.
ITW Fiuna Seylan Ongens
Directrice ONG Coexistences
En français
La Suisse n'offre pas seulement un cadre propice au dialogue, son modèle institutionnel est une source d'inspiration pour imaginer une solution au conflit israélo-palestinien.
Ambiance guide
Donc nous avons quatre langues officielles. Nous avons 26 cantons ou 26 Etats si vous préférez. Et tous ensemble ils forment la Suisse.
Une confédération israélo-palestinienne sur le modèle helvétique, l’idée fait son chemin. Pour Tamar Shamir, l'une des pionnières du dialogue israélo-palestinien, la solution à deux États semble définitivement compromise.
ITW VOX POP
Je pense que le système politique que vous avez en Suisse pourrait peut-être fonctionner en Israël et en Palestine, réunies en confédération. Sur le modèle des cantons qui fonctionne chez vous, chaque peuple pourrait se développer avec sa propre religion, sa propre langue, ses propres lois et en même temps nous pourrions continuer à vivre ensemble.
Cette énergie déployer pour rapprocher Israéliens et Palestiniens, Mehra Rimer la puise dans son étonnante trajectoire, de Téhéran à Genève.
Ambiance photos
ITW Mehra
Fille dans d'un général iranien assassiné par les islamistes, musulmane chiite mariée à un juif genevois, Mehra se rend en 2014 en Israël. Elle y rencontre des partisans de la coexistence pacifique des deux camps et y trouve un écho avec sa propre histoire.
ITW Merah
Que pèse la bonne volonté de Mehra Rimer et de ses supers héros face à la violence des belligérants ? L'activisme de quelques milliers de pacifistes peut-il venir à bout d'un conflit vieux de presque cent ans ? A Ramallah, en Cisjordanie, Ines Abdelraek dirige une ONG de défense des Palestiniens. Elle a elle-même déjà participé à des initiatives de rapprochement mais elle se montre aujourd'hui très critique.
ITW
Inès Abdel Razek
Directrice Palestine Institute for Public Diplomacy
En français
Conscients des limites de leur action, les activistes de la paix pensent qu'il faut passer à la vitesse supérieure, débloquer des fonds considérables pour démultiplier les initiatives de coexistence sur le modèle de l'Irlande du nord. A Jérusalem, ce lycée d'excellence abrite le campus d'été de Meet, l'ONG des jeune startuppers israélo-palestiniens. Durant le mois de juillet, 300 jeunes planchent ensemble sur leurs projets, sans se soucier de ceux qui s'affrontent, parfois tout près d'ici.
ITW Yaniv Sagee
Directeur ONG Meet
Je crois que c'est Mandela qui a dit : "il suffit d'une seule personne pour changer le monde entier". Ici, aujourd'hui, vous en avez 300. Alors si une personne peut changer le monde entier, 300 pourront tout changer. C'est peut-être une bulle dans une situation très conflictuelle mais l'impact d'une bulle, c'est beaucoup de cercles de créateurs de changement. Je suis profondément certain que ces jeunes seront les créateurs du changement.
Trente ans après les accords d'Oslo, l'impasse semble totale entre Israéliens et Palestiniens. Ces images laissent au moins quelques raisons d'espérer.
Stéphane Amar
Sharon Aronowicz (image)
Claire Duhamel (image)
Sandra Lederer (montage)